MILLE CAILLOUX
Maison d’édition dédiée à la publication de multiples intrépides, rares, bouleversants.
Fondée en 2018, Mille Cailloux est dirigée par Léa Habourdin et Jessica Martinato.
Ici, les livres sont pensés comme des œuvres, sculptures, publications d’artistes, ovnis,
ils ont en commun de regarder les mondes humain.e.s ou non humain.e.s avec,
à chaque fois, une manière propre à l’artiste de les questionner dans une forme nouvelle.
LÉA HABOURDIN
Léa, vous aviez 15 ans à la fin du siècle dernier, vous êtes maintenant une artiste prolifique, usant du dessin,de l’image photographique et de l’installation.
Quels sont les derniers livres que vous avez offert, le premier que vous avez aimé et celui que vous rouvrez souvent ?
Le dernier que je me suis offert : The Pillar de Stephen Gill (Nobody Books) qui résonne avec tout, le passage, le fugace, la beauté, le regard mécanique et pourtant si décisif, la chasse, la mort, le temps.
Le premier que j’ai aimé, c’était Ernest et Célestine de Gabriel Vincent qui dessine génialement.
Le livre que je rouvre souvent est une boîte recueillant plusieurs Leporello de Dayanita Singh “Sent a letter” de Steidl.
Chez vous, accroché au mur, il y a quoi ?
Il y a une époustouflante estampe, Forêt vierge au bord du Rio Bonito, au Brésil, par Clarac qui a été gravée en 1822 par Fortier. Plus loin une dent de Mégalodon, un fossile de 2,6 millions d’années, qui me coupe le souffle si je me mets à imaginer la bouche qui la contenait. À côté, Femme à la rhubarbe une petite lithographie de Mélanie Delattre-Vogt éditée par Michaël Woolworth en 2020. Je dois aussi encadrer une photographie de Marine Lanier, un paysage d’Arménie doux comme du velours côtelé.
Lire en musique ou en silence ?
Compte tenu de mes goûts musicaux peu avouables, en silence, évidemment.
Serait-ce possible de nous partager un lieu que vous aimez comme un ami ?
La fenêtre de mon atelier donne sur un minuscule jardinet planté, j’y ai installé quelques boules de graisses pour les oiseaux, trois mésanges et un rouge-gorge y ont leurs habitudes et leur passage ne manque jamais de me remplir de joie.
JESSICA MARTINATO
Jessica, vous aviez 11 ans à la fin du siècle dernier, vous êtes maintenant une Directrice Artistique renommée travaillant pour l’agence cakedesign (prix de la nuit du livre 2018).
Quels sont le dernier livre que vous avez offert, le premier que vous avez aimé et celui que vous rouvrez souvent ?
Celui que j’ai offert en dernier, Le nuage, dix façon de le préparer de Ryoko Sekiguchi…
Celui que j’ai aimé en premier, Roule galette de Natha Caputo, illustré par Pierre Belvès, dans le coin bibliothèque de ma classe de petite ou moyenne section en maternelle.
Celui que j’ouvre et réouvre souvent, qui me fascine depuis longtemps Exercices de style de Raymond Queneau.
Chez vous, accroché au mur, il y a quoi ?
Des dessins, des peintures, des photographies, des gravures… une falaise, un masque et quelques fleurs. Ces images font parties de mon monde, me rassurent, me consolent, me font du bien. La falaise, un grand format, est une fenêtre sur la nature, brute et belle. Une respiration, surtout ces derniers mois.
Lire en musique ou en silence ?
Plutôt en silence, dans le train, dans mes draps ou dans les frémissements de la nature.
Serait-ce possible de nous partager un lieu que vous aimez comme un ami ?
La passerelle Simone de Beauvoir qui amène au parvis de la B.N.F. Depuis celle-ci on peut observer Paris, avec un peu de recul, entouré d’eau. C’est un joli refuge, apaisant, qui nous guide jusqu’aux livres géants de la bibliothèque François Mitterand… alors
forcément, ce lieu me parle.